Chaque matin, Amaka Yusoufou, 28 ans, déambule dans les ateliers de couture de la région de Wida, au sud du Bénin (Afrique de l’Ouest), et récupère dans une grande boîte les restes du tissu utilisé par les tailleurs pour confectionner des vêtements. A la fin de sa tournée, la jeune femme sourde et muette rejoint l’opératrice Color Indigo, ce projet emploie une trentaine de personnes, majoritairement des femmes, dont 10 personnes handicapées, qui transforment les déchets textiles en objets de décoration (draps, couvre-lits, couvertures) qui sont achetés par des clients locaux et également exportés à l’étranger, dans l’atelier Couleur Indigo, Anne-Marie Avotto dépose son fauteuil roulant au fond d’un tas de chutes et, assise sur une chaise en bois, range les pièces lavées et regroupées par couleur.
Au fil de la journée, des tas de tissus disparaissent et se transforment ensuite en divers types de pièces, comme des nappes, des tapis, etc., qui coûtent entre 7 et 40 euros, parmi les clients de « Color Indigo » se trouve Marcel Adjanohon, qui gère plusieurs hôtels à Weidah, une destination touristique côtière située à environ 40 kilomètres de la capitale économique Cotonou, la chef de projet Nadia Adanleh considère que travailler avec des personnes handicapées n’affecte pas la productivité de l’entreprise, « le contraire de ce que certains pensent », a-t-elle déclaré à l’AFP, ce travail a changé la vie des travailleuses et des travailleurs handicapés, dont la plupart se déplacent à l’aide de béquilles ou de fauteuils roulants.
Grâce à son travail, Anne-Marie Avtuto « répond enfin à mes besoins », explique qu’elle n’était auparavant pas en mesure de « supprimer quoi que ce soit », elle note en outre que « la façon dont la société la considère a radicalement changé » depuis qu’elle a commencé à quitter son domicile tous les matins pour aller travailler. « Maintenant, je me sens appréciée », dit-elle.