Les milices libyennes de la ville de Misrata, dans le nord-ouest du pays, se sont rassemblées dans la capitale Tripoli le 12 février pour montrer leur soutien au Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah après que le Parlement a élu un nouveau Premier ministre par intérim le 10 février.
A cette occasion, l’ancien ministre de l’intérieur, Fathi Bachagha, a été désigné par la Chambre des représentants de Tobrouk pour diriger le gouvernement d’union nationale (GNU) en attendant les élections présidentielles dont la date n’a pas encore été fixée. Pour sa part, Abdel Hamid Dbeibah a rejeté cette décision, promettant de conserver son poste jusqu’au prochain vote.
Le convoi des forces armées en provenance de Misrata, la ville natale à la fois de Dbeibah et de Bachagha, a donné une démonstration de force au premier, dont le mandat de gouvernement s’est terminé le 24 décembre dernier, alors que les élections présidentielles auraient dû se tenir, annulées en raison de divergences sur la liste définitive des candidats. Selon Reuters, le convoi était composé de 100 véhicules, démontrant davantage la situation sécuritaire dangereuse à laquelle le pays d’Afrique du Nord est confronté, au centre de luttes de pouvoir continues et d’instabilité politique.
« Bien sûr, la raison de notre présence ici est avant tout de préserver la voie démocratique en Libye. Nous avons rejoint la révolution en 2011 en raison de la domination de l’armée; nous n’acceptons pas le régime militaire. Nous sommes ici pour défendre la légitimité internationale et notre objectif est de préserver la légitimité », a déclaré le commandant de terrain des forces d’opérations conjointes, le colonel Ibrahim Mohamed.
Avant l’arrivée du convoi le 12 février, Dbeibah a accusé la Chambre des représentants de Tobrouk d’être « responsable de tout ce bain de sang et de ce chaos » en Libye, tandis que le président du Parlement, Aguila Saleh, a accusé le Premier ministre d’être corrompu et de profiter de sa position à ses propres fins, plutôt que pour promouvoir une transition significative.
Dans ce scénario, la position des Nations Unies et des grandes puissances sera cruciale pour déterminer l’équilibre du gouvernement intérimaire, après des années d’implication étrangère dans le conflit. L’ONU est intervenue en demandant aux autorités libyennes de se concentrer sur la conduite des élections, plutôt que sur le choix d’un nouvel exécutif de transition. Cette position semble refléter un effort régional et international pour apaiser les tensions et éviter la confrontation entre les différentes factions libyennes.
En particulier, l’appel du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, exprime une position plus neutre vis-à-vis du soutien initial apporté par l’ONU à Dbeibah. La déclaration du chef de l’ONU ne mentionne ni le Premier ministre par intérim de la Libye ni le nouveau Premier ministre Bachagha par leur nom. En outre, António Guterres n’a pas confirmé les rapports antérieurs de son porte-parole, Stéphane Dujarric, qui a déclaré que les Nations Unies continuaient de soutenir Dbeibah en tant que Premier ministre par intérim.