Les femmes travaillant chez Bilan Media, une jeune organisation médiatique somalienne composée d’une équipe entièrement féminine, portent leurs caméras, téléphones et ordinateurs portables dans le cadre d’une mission visant à briser le silence sur les questions de violence à l’égard des femmes dans la nation instable de la Corne de l’Afrique, cette initiative médiatique dans ce pays musulman conservateur est financée par le Programme des Nations unies pour le développement et est gérée par ses responsables depuis le siège de la station de télévision et de radio Dalsan dans la capitale, Mogadiscio.
L’équipe de six femmes journalistes cherche à défier les normes sociales en vigueur en produisant des épisodes axés sur les femmes, y compris des entretiens avec des personnalités somaliennes, en plus d’aborder des questions souvent considérées comme sensibles dans la société somalienne, notamment la violence domestique et le viol, « Environ 80% de notre contenu se concentre sur des histoires que les gens pourraient considérer comme honteuses, mais dont la société devrait prendre conscience », déclare Nisreen Mohamed Ibrahim, rédacteur en chef de Bilan Media, les jeunes femmes journalistes, toutes âgées de moins de 28 ans, avaient auparavant travaillé pour des médias locaux avant de rejoindre l’équipe de Bilan, dont le nom signifie « beauté » en somali.
Des femmes journalistes s’occupent de tous les détails liés au programme. « Habituellement, des journalistes masculins participent à la production d’émissions dans les médias traditionnels, mais chez Bilan Media, ce sont des femmes journalistes qui écrivent le scénario, réalisent des interviews, montent des vidéos et présentent l’émission », a expliqué Ibrahim, 21 ans, dans un entretien à l’AFP, les émissions de Bilan Media sont diffusées via Dalsan et ses pages de réseaux sociaux, sur lesquelles Ibrahim espère progressivement se constituer une base de fans, Ibrahim souligne que le plus grand défi consiste à persuader les femmes somaliennes de raconter leurs histoires publiquement, soulignant que limiter l’équipe de travail aux femmes journalistes constituait un point positif inattendu à cet égard.