Le 10 octobre 2018, à Berbera, une ville côtière délabrée de l’État séparatiste du Somaliland, des ministres du gouvernement ont côtoyé des dirigeants émiratis, les jeunes ont exécuté une danse traditionnelle pour célébrer, tandis qu’une unité d’élite de l’armée du Somaliland montait la garde, leurs uniformes impeccables et blancs.
DP World, l’opérateur portuaire des Émirats arabes unis, lançait officiellement son expansion du port de Berbera, et le sentiment d’optimisme était palpable.
L’extension de 442 millions de dollars, conçue pour transformer le port poussiéreux de l’Afrique de l’Est en l’une des plus importantes installations du continent, a marqué le début d’une nouvelle aube pour le Somaliland, l’une des juridictions les plus pauvres du monde. Pour DP World, il s’agissait de poser un jalon dans une région cruciale à croissance rapide.
L’expansion du port de DP World, qui a ajouté un nouveau quai, une zone de libre-échange économique et un couloir routier de 100 millions de dollars non encore achevé reliant Berbera à l’Éthiopie, a été un test acide pour le Somaliland, qui a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991.
Alors que l’État possède de nombreuses caractéristiques de la nation, y compris une monnaie, une armée et des dirigeants démocratiquement élus, sa tentative de reconnaissance internationale est au point mort. Les dirigeants de la capitale, Hargeisa, pensent savoir ce qui apportera l’indépendance officielle du Somaliland: l’investissement international.
«DP World est une grande entreprise internationale qui a osé venir au Somaliland, et j’espère que beaucoup d’autres entreprises suivront», a déclaré le président Musa Bihi Abdi en 2018. Plus tôt cette année, ses prières ont été exaucées lorsque le négociant suisse de matières premières Trafigura, l’un des plus grands négociants en pétrole du monde, a signé un contrat pour la fourniture d’hydrocarbures et la modernisation du port de Berbera. Début septembre, l’entreprise a envoyé sa première livraison de mazout à faible teneur en soufre.
