Vingt ans après avoir quitté le camp d’Umm Rakuba, dans l’est du Soudan, où il s’est réfugié pour échapper à la famine qui a ravagé l’Éthiopie, Burhan Youssef, 77 ans, s’apprête à rentrer avec sa fille là où elle est née.
Cette fois, il a traversé la rivière Setit qui sépare les deux pays sur un bateau branlant avec de nombreux camarades fuyant la guerre qui a ravagé son Tigré natal alors que l’armée fédérale lançait une offensive contre les forces rebelles locales.
Dans la zone frontalière de Hamdayit, dans l’État de Kassala, Burhan Youssef fait la queue pour avoir un peu de nourriture.
Le camp d’Umm Rakuba, vers lequel ils se rendront, est situé à 80 km de la frontière et a été créé dans les années 1980 avant d’être fermé en 2000.
Entre 1983 et 1984, l’Éthiopie a connu l’une des pires famines du siècle, obligeant des centaines de milliers de personnes à fuir le pays. La famine était le résultat d’une terrible sécheresse qui a coïncidé avec une guerre impliquant le dictateur Mengistu Haile Mariam et des combattants tigréens.
Youssef est revenu à la case départ. «Je me souviens très bien de ce camp, dans lequel j’ai vécu plusieurs années, et y retourner ne représente pas un bel horizon. Ma seule consolation est que je rencontre des amis soudanais que je n’ai pas revus depuis de nombreuses années», confirme l’homme qui attend de s’installer à destination.
Vendredi, le camp d’Umm Rakuba, d’une capacité de 20 000 personnes, a rouvert ses portes.
Pour sa part, le responsable de l’Agence soudanaise chargée des affaires des réfugiés, Yaqoub Muhammad, a déclaré: «Nous avons transporté 1115 réfugiés et continuerons à les transférer quotidiennement». Selon cette agence, plus de 20 000 personnes ont fui les combats en Éthiopie, se dirigeant vers le Soudan.
