La crise actuelle au Tigré n’est pas apparue sous un ciel bleu clair. Ses racines sont profondément ancrées dans l’histoire de l’Éthiopie et son issue dictera l’avenir du pays.
Il est peu probable que l’Éthiopie s’effondre. Mais une période de violence est probable et continuera jusqu’à ce qu’il y ait un nouvel ajustement du gouvernement au centre et un rééquilibrage des relations avec les régions. Une démocratisation accrue est une solution potentielle, mais en aucun cas le seul résultat.
Tout au long de son histoire, l’Éthiopie a été dans un état de mutation, avec une autorité centrale qui a augmenté et diminué, et des frontières qui ont grandi et rétréci à mesure que les régions à la périphérie ont eu plus ou moins d’indépendance.
Au cours du XXe siècle, l’Éthiopie, comme toute l’Afrique, a été aux prises avec l’impact de la mondialisation. Elle a pu résister aux ambitions impériales de l’Italie et l’empereur Haile Selassie a bénéficié de l’unité nationale que ce défi a crée. Mais son régime, bien que conscient de la nécessité de maintenir un équilibre régional et ethnique délicat dans le pays, s’est avéré en fin de compte trop sclérosé pour répondre aux nouveaux défis d’un monde en mutation rapide. Il est tombé aux mains de la centralisation brutale et de la modernisation marxiste du Derg, qui cherchait à maintenir son autorité par la force et la terreur.
Cela a également échoué, et c’est dans la lutte pour renverser le Derg, tombé en 1987, que la région du Tigré est devenue un acteur clé du pays. Cette lutte a été menée conjointement par le Front de libération du peuple érythréen (EPLF) et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), les deux forces combattantes les plus efficaces du pays. La récompense de l’Érythrée pour la victoire a été l’indépendance, une histoire bien racontée dans le livre de Michaela Wrong, Je ne l’ai pas fait pour vous. La récompense du TPLF était un intérêt majoritaire dans le gouvernement d’après-guerre.
