Des milliers d’enfants et de jeunes algériens sont livrés à eux-mêmes dans les rues de la capitale et d’autres villes du pays, sans abri et sans espoir. Ignorés par les autorités et rejetés par la société, ces jeunes sans-abri, souvent appelés « microbes » dans le langage courant, n’ont pas de statistiques officielles pour quantifier leur nombre, ce qui en dit long sur leur marginalisation.
Des rapports indiquent toutefois que leur nombre oscille entre 150 000 et 170 000 dans toute l’Algérie, dont 30 000 dans la capitale seulement. C’est un véritable drame humain qui se joue sous nos yeux, avec des conséquences dramatiques pour ces jeunes abandonnés à leur sort.
Mais ce n’est pas tout. Un rapport officiel récent a révélé que des dizaines de milliers d’Algériens survivent encore en vivant de décharges. Selon les données alarmantes, près de 70 000 Algériens vivent de dizaines de tonnes de déchets, dont 10 815 dans des décharges à ciel ouvert et sans surveillance.
Le gouvernement essaie de réhabiliter certaines de ces décharges, mais cela ne suffit pas à résoudre le problème de ces citoyens qui ont grandi, élevés et vécu dans les restes de déchets ménagers et industriels. Certains d’entre eux se nourrissent de miettes pour calmer leur faim, tandis que d’autres cherchent des matériaux de valeur dans les déchets pour les revendre à ceux qui cherchent à les recycler.
Les conditions de vie sont très difficiles pour ces « résidents des décharges », en particulier pour les femmes, qui sont exposées aux produits chimiques et aux objets tranchants. Le rapport officiel montre que 40,5 % à 60 % des jeunes de moins de 20 ans et 14 % des femmes vivent dans ces conditions dangereuses.
La pauvreté est une réalité multidimensionnelle en Algérie, touchant même les enfants âgés de cinq à six ans, avec un taux de 21 % parmi tous les enfants de cet âge. Elle est plus répandue en milieu rural, où le nombre d’enfants pauvres atteint 22 %. En effet, 88 % des enfants pauvres vivent en milieu rural.
Le pays produit environ 7,8 millions de tonnes de déchets par an, selon le dernier rapport des Nations Unies. De nombreux citoyens vivent à proximité des conteneurs à déchets pour en faire du commerce et vendre des grandes bouteilles en plastique pour le recyclage, ce qui peut leur rapporter un bénéfice moyen d’environ 96 euros par jour pour 15 bouteilles.
Malheureusement, le taux de traitement des déchets solides en Algérie ne dépasse pas 4,5 %, selon un rapport de l’ONU, offrant un environnement propice au recyclage informel par des citoyens vivant dans des conditions précaires. Le pays doit prendre des mesures urgentes pour résoudre ces problèmes, qui mettent en danger la vie de milliers de citoyens exposés à des conditions environnementales et sanitaires dégradantes.