Politique

La confrontation directe entre les Kabyles et les généraux fera-t-elle tomber le régime militaire en Algérie ?

Il semble que les mouvements contestataires en Algérie aient commencé à tirer les leçons du passé et de la gestion de leurs revendications par les institutions étatiques, qui usent souvent de tromperies, de manœuvres et de violences pour étouffer la contestation. En Kabylie, malgré les arrestations et les jugements contre des manifestants pacifiques, la population rejette tout rôle de ces institutions et s’adresse directement aux généraux, annonçant ainsi le début d’une nouvelle ère politique où la confiance dans les institutions s’est effondrée. Les dirigeants kabyles insistent sur le fait qu’ils n’affrontent pas l’État, mais plutôt ce qu’ils appellent les « généraux », et appellent le chef de l’État à intervenir pour libérer tous les détenus et répondre à leurs revendications.

Les militants ont confirmé à plusieurs reprises dans des déclarations à la presse que « les fils des Kabyles adressent leurs revendications directement à l’État, donc ils n’ont aucune hostilité envers lui. Ils se considèrent comme des patriotes qui ne font pas confiance aux généraux ». Ainsi, le théâtre des événements en Kabylie se compose de trois parties : l’État, les manifestants et les généraux. Le peuple kabyle ne dirige pas ses revendications contre les institutions stipulées dans la constitution, mais plutôt contre les généraux qui manipulent ces institutions en fonction de leurs intérêts.

Le Hirak kabyle s’inspire de la littérature du mouvement amazigh et considère les généraux comme « une structure de gouvernance basée sur le pouvoir, la bureaucratie centrale et le monopole de la richesse et du pouvoir par une minorité alliée par une alliance d’intérêts et la proximité du centre du pouvoir ». Cet affrontement entre le Hirak et la junte militaire semble être une lutte entre un mouvement qui a pris une dimension nationale et internationale et une junte militaire qui réprime violemment pour étouffer la contestation.

  Les Algériens doivent choisir entre l'esclavage et la faim

Quels que soient les résultats de cet affrontement, il est évident que l’action de protestation chez les Kabyles a entraîné un changement de méthodes, de nature et de contenu des protestations, qui influencera inévitablement l’issue des affrontements futurs tant que la tyrannie et la corruption perdureront et que la construction d’une démocratie inclusive sera reportée. L’Algérie est aux portes d’une nouvelle génération de protestations, et les Algériens ont besoin de comprendre ce qui se passe, nécessitant une réflexion et une production de connaissances pour saisir la situation.

Ajouter un commentaire

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les plus lus

To Top