Société

La Baie de Hann au Sénégal, un paradis touristique transformé en égout industriel

Sur la longue plage de la baie de Hann, à Dakar, un personnage solitaire, muni d’une pelle et d’une brouette, ramasse inlassablement des tas de détritus en quantité telle que la tâche prend un air presque mythologique, l’odeur est âcre. A quelques mètres de l’homme, un tuyau transporte un mélange noir d’eaux usées domestiques et industrielles dans l’océan Atlantique, autrefois considérée comme l’une des plus belles criques de toute l’Afrique, cette ancienne étendue idyllique de sable fin d’environ 20 km de long, adjacente au port de Dakar, est devenue le dépotoir d’une population croissante et d’une industrie en constante expansion.

La majeure partie de l’industrie manufacturière sénégalaise est implantée le long de la baie et y déverse directement ses déchets. La pollution des océans atteint des niveaux inquiétants, le gouvernement promet de nettoyer la zone depuis plus de vingt ans. Mais un projet de nettoyage lancé en 2018 avec le soutien financier de l’Agence française de développement, d’Invest International, de la Banque chinoise de développement et de l’Union européenne est au point mort, l’Agence nationale de l’assainissement (ONAS) vient d’annoncer la reprise des travaux suspendus depuis des mois. Les habitants réclament depuis longtemps un réel changement, « Cela fait des années qu’on nous dit qu’il y a un projet, mais rien ne change. Je n’y crois plus », déclare Daouda Kane, 45 ans, assis au bord de la mer, à quelques mètres de là, une femme déverse les restes de sa marmite sur le rivage qui regorge d’insectes, « Ici, vous jetez vos filets, vous rapportez des détritus, et vous tombez malade », se plaint Modou Ndong, pêcheur de 53 ans.

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À certains endroits, il est presque impossible de voir le sable sous les déchets, Amidou Sonko, spécialiste de la mer à l’Institut français de recherche et de développement (IRD), a confirmé la « forte toxicité » de la zone, ses analyses ont révélé des concentrations de bactéries E coli 13 à 100 fois supérieures à la limite autorisée, ainsi que la présence de salmonelles, il a également observé des quantités d’entérocoques, de microplastiques, d’aluminium, de chrome et de zinc dépassant largement les normes.

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