Depuis cinq ans, les autorités algériennes brandissent le slogan « Nouvelle Algérie », censé signifier se débarrasser de l’héritage des périodes de la décennie noire et du régime des généraux, ce que la littérature du Hirak populaire appelle « Gang » Cependant, aux yeux de nombreux observateurs politiques algériens, incarner le slogan « Nouvelle Algérie » n’est pas une affaire facile, cela nécessite de créer une rupture radicale et courageuse avec toutes les formes de gestion et de régime militaire qui ont engendré le retard dans le pays, et cela nécessite de créer une conception théorique basée sur la science, de mettre en œuvre des applications sérieuses et décisives sur le terrain, puis de reconnaître le fait qu’il est impossible d’incarner un tel slogan à la lumière de la reproduction des mêmes politiques et de la même culture qui ont caractérisé le comportement du régime précédent qui contrôlait le pays et perpétuait un retard structurel pendant de nombreuses années.
Ici, nous nous demandons : y a-t-il quelque chose qui suggère le début de la construction des fondations de cette nouvelle Algérie, culturellement, économiquement, socialement, système éducatif, libertés civiles et médiatiques, architecture avancée, etc… ? Ou bien le slogan est-il une chose et la réalité tangible est-elle une tout autre chose ? Qu’est-ce qui a vraiment changé en Algérie au cours des cinq dernières années pour qu’on puisse dire qu’une nouvelle Algérie commence à se dessiner devant les citoyens algériens ?… Mais tous ceux qui visiteront l’Algérie et traiteront directement avec un certain nombre de services administratifs découvriront que ses fonctionnaires ont continué à pratiquer diverses formes de coercition symbolique et matérialiste qui affecte les citoyens, alors vous remarquerez, par exemple, les files d’attente qui s’entassent devant les portes des bureaux, où les gens sont obligés de rester debout pendant de longues heures en plein air, en plein été, et la chaleur qui ravage leurs corps.
En effet, j’ai vu de nombreux citoyens et citoyennes se plaindre de la pile de documents qui leur sont demandés pour constituer tel ou tel dossier simple, sachant que l’administration moderne s’appuie sur l’ordinateur, qui stocke diverses informations dans tous les départements interconnectés, et les humains n’ont pas besoin de les extraire de manière stéréotypée et répétitive des services administratifs des municipalités ou des bureaux des gouvernorats (Wilayas). Malgré la disponibilité de ces technologies, l’administration algérienne reste traditionnelle et ne travaille pas de manière flexible, en utilisant le courrier électronique et le téléphone, pour atténuer le transfert des citoyens vers les départements administratifs, notamment ceux qui sont éloignés, c’est pour cette raison qu’en Algérie, on a l’impression que l’ère des technologies n’existe pas, malgré les millions de dollars que l’État dépense pour l’achat d’ordinateurs, et malgré la présence de services Internet, qui appartiennent malheureusement à l’ère des tortues en raison de leur faiblesse croissante.
Lors de cette visite, j’ai également rencontré divers types de violence symbolique générée par les aspects d’une architecture chaotique et aliénante qui contredisent les principes fondamentaux de l’esthétique de l’architecture moderne, car l’Algérie est toujours aux prises avec la crise du logement et n’a pas trouvé de solutions satisfaisantes jusqu’à présent, mais cette crise ne devrait pas justifier la construction de bâtiments déformés, car 90% des bâtiments algériens actuellement achevés ne répondent pas du tout aux normes d’une architecture esthétique avancée, mais ne sont que des tas de béton armé surélevés dans le sol, les bâtiments discordants adoptent la forme de rectangles importés des styles de construction turcs ottomans devenus obsolètes, ou bien ils imitent de manière déformée et pauvre les modèles résidentiels français, la lecture de la topographie de la réalité algérienne révèle les nombreux tremblements que l’Algérie a connu n’ont pas encore donné de leçons au peuple algérien jusqu’à maintenant, car il n’a pas l’intention sincère d’ouvrir le dossier des véritables raisons qui ont fait sombrer le pays dans le retard, et l’une des plus importantes de ces raisons est le règne des généraux.