Le cannabis qui est stocké ici, dans une ferme à l’extérieur de la ville ougandaise de Kasese, est cultivé dans des conditions strictement contrôlées. Ensuite, il est escorté à l’aéroport par la police anti-stupéfiants, transporté hors du pays et vendu à des sociétés pharmaceutiques. La ferme est la première – et jusqu’à présent la seule – incursion de l’Ouganda dans l’industrie du cannabis médicinal.
La ferme est gérée par Industrial Globus, une joint-venture entre Industrial Hemp, une entreprise ougandaise, et Together Pharma, une société israélienne cotée à la bourse de Tel Aviv. Le développement a commencé en 2018 et, en avril, la ferme a expédié les toutes premières exportations commerciales de cannabis de l’Ouganda.
Nir Sosinsky, directeur général de Together Pharma, dit qu’ils servent actuellement le marché israélien mais qu’il voit un potentiel en Afrique et au-delà. «Nous avons signé des contrats avec le Brésil et également pour l’exportation vers l’Allemagne et l’Australie», explique-t-il.
Les producteurs de cannabis essaient de changer d’avis – à la fois en Ouganda et ailleurs. Benjamin Cadet, directeur d’Industrial Globus, est un ancien employé de la Croix-Rouge qui a siégé au parlement ougandais entre 2011 et 2016. Au départ, il avait exploré le potentiel de culture du chanvre industriel, qui peut être utilisé pour l’alimentation, la corde et les textiles. Mais les souches importées d’Europe n’ont pas bien poussé, il s’est donc intéressé au cannabis médicinal.
C’est une culture controversée en Ouganda, dit-il. «Nous avons deux camps: le camp axé sur la science et les politiciens motivés par la moralité qui pensaient que nous allions peut-être polluer la morale».
Les attitudes évoluent également en Israël. Yohanan Danino, président de Together Pharma, était auparavant le chef de la police israélienne. Pendant son mandat, il a travaillé avec le ministère de la Santé pour réformer la loi sur l’utilisation du cannabis médicinal après avoir constaté les avantages qu’elle apportait aux patients.