Un tribunal anti-corruption d’Antananarivo a condamné jeudi le député Roméo Christophe Ramanatanana à 10 ans de prison après l’avoir reconnu coupable d’accusations liées à la contrebande de tortues radiées, une espèce protégée et menacée, et au blanchiment d’argent, dans l’une des affaires de corruption environnementale les plus médiatisées de Madagascar ces dernières années, Ramanathanana, député de la circonscription centrale de Suvannandriana, a été arrêté en décembre 2024 dans la ville de Morondara, sur la côte ouest, alors qu’il transportait 112 tortues radioactives cachées dans des sacs, accompagné de quatre de ses assistants.
Ces tortues, connues sous le nom de tortues radiées, sont un symbole de la biodiversité de Madagascar et sont strictement protégées par les lois locales et les accords internationaux, après avoir été pris en flagrant délit, son immunité parlementaire a été levée, une mesure inhabituelle, ouvrant la voie à son procès, il a été accusé de contrebande, de complicité de contrebande d’espèces protégées et de blanchiment d’argent, accusations que le tribunal a jugées fondées, la peine ne se limite pas à une peine de prison, mais comprend également une amende de 60 millions d’ariary (environ 12 000 euros), en plus d’une indemnisation civile à l’Etat de 2 milliards d’ariary (environ 400 000 euros), une peine similaire de dix ans de prison a été prononcée contre l’un de ses assistants, tandis que les trois autres ont été condamnés à quatre ans chacun.
Commentant le jugement, le procureur a décrit l’affaire comme un exemple de « corruption environnementale liée à l’abus d’influence politique », soulignant que l’arrestation et la condamnation d’un député en exercice dans une affaire de cette nature envoient un message clair selon lequel « personne n’est au-dessus de la loi », de leur côté, les groupes de protection de l’environnement estiment que cette affaire révèle l’existence de vastes réseaux de contrebande ciblant les ressources naturelles de Madagascar, dans un contexte de faible surveillance et d’implication de certains responsables, ces associations ont salué la décision, la considérant comme un « précédent judiciaire positif » pour lutter contre la détérioration de la biodiversité qui menace l’île.
