Le marché mondial des métaux stratégiques a doublé de taille au cours des dernières années, atteignant 320 milliards de dollars en 2022. La demande devrait plus que doubler d’ici 2030, puis quadrupler d’ici 2050, avec des revenus annuels atteignant 400 milliards de dollars, selon l’Agence internationale de l’énergie. Face à cette demande mondiale croissante, les investissements dans le développement de ces minéraux ont également augmenté de 20 % en 2021 et de 30 % en 2022. Cette situation est aggravée par la nette domination de la Chine, qui menace les pays occidentaux sur le plan géopolitique et sécuritaire, et pourrait annoncer une concurrence accrue entre eux, notamment sur le continent africain, où se déroule une exploration minière stratégique.
Pour déterminer la position de l’Afrique au milieu de ce conflit, le Centre d’études a publié un document analytique intitulé « L’Afrique au milieu de la dynamique du conflit international sur les minéraux stratégiques », dans cet ouvrage, le chercheur Mustafa Jali examine la position de l’Afrique sur le marché des minéraux critiques, les stratégies des puissances en conflit, leurs interactions et leurs dimensions géopolitiques. Les minéraux stratégiques (ou critiques) sont définis comme un groupe de ressources essentielles pour l’énergie, la transformation numérique et la sécurité nationale. Leur importance est évaluée en fonction de leur nature essentielle pour les industries qu’un État considère comme stratégiques, notamment la défense, l’aérospatiale, l’électronique, la production d’énergie éolienne et solaire, l’industrie automobile et d’autres, ainsi que des risques pour les chaînes d’approvisionnement.
L’Afrique détient environ 30 % des réserves mondiales de minéraux critiques, la République démocratique du Congo représentant à elle seule environ 47 % des réserves mondiales de cobalt et 15 % de ses réserves d’éléments de terres rares. L’Afrique du Sud détient 80 % du chrome mondial, 85 % du manganèse et 80 % du platine, avec le Gabon et le Zimbabwe, en plus d’autres minéraux tels que le lithium, le cuivre et le graphite répartis dans des pays comme Madagascar, la Zambie et la Tanzanie. Ces statistiques expliquent pourquoi l’Afrique est classée troisième destination mondiale des investissements miniers après l’Amérique latine et le Canada, malgré un budget relativement faible pour l’exploration et les nouveaux investissements.
