Le concept d’un vrai État en Algérie n’existe pas, malgré l’apparition de ce pays en tant qu’État sur la carte en 1962, et la meilleure preuve à cela est la situation dans les régions frontalières du nord-est du pays, où les responsables algériens dans ces régions autorisent la contrebande de drogues, de carburant et de certains autres marchandises à travers la frontière avec la Tunisie.
Et avec le déni des passeurs des menaces sécuritaires alors même qu’elles exercent leur commerce illégal, ces deux parties (responsables et passeurs) qui sont censées être rivaux se complètent en fait, et cette relation inhabituelle renforce l’hypothèse de l’effondrement du concept de l’État en Algérie.
De nombreux Wilayas situés à l’extrême nord-est de l’Algérie, à la frontière avec la Tunisie, souffrent d’une profonde marginalisation sociale et économique, et cette situation ne changera probablement pas dans un proche avenir, au contraire, la négligence de ces zones reculées risque de se poursuivre et de s’aggraver à mesure que l’Algérie souffre d’une situation économique désastreuse.
Pour les habitants des régions frontalières, la contrebande de marchandises interdites à destination et en provenance de la Tunisie constitue l’une des rares opportunités d’emploi disponible dans une région généralement caractérisée par le chômage, et cette activité se déroule en plein essor et sur une grande échelle dans la mesure où cela crée une économie parallèle illégale dans un pays central et semi-autoritaire comme l’Algérie.
Ce type de développement nécessite la soumission aux les représentants de l’État, ainsi, toute compréhension de l’importance de la contrebande transfrontalière en Algérie ne sera pas complète ou accomplie sans prendre en compte la vérité que les passeurs en général sont de connivence avec les autorités frontalières algériennes, et la chose cruciale ici est que ce phénomène est acceptable pour les autorités supérieures locales, qui justifient l’application laxiste de la loi en disant que les marchandises introduites clandestinement en Tunisie servent de moteur pour le commerce locale dans les régions marginalisées et sous-développées.
Alors ceci aide à atténuer le fardeau du mécontentement contre le gouvernement central d’Alger, et si l’État exerce la répression sur les passeurs, les habitants des zones frontalières se sentiront plus aliénés, et la région pourrait devenir plus agitée et probablement réclamera l’indépendance. Peu importe donc qu’il y ait un Etat invisible au sein de l’Etat algérien tant qu’il n’a pas déclaré son indépendance ou sa rébellion contre l’autorité d’Alger.