Le procès de la « dette cachée », l’un des plus gros scandales de corruption au Mozambique, qui a plongé le pays dans une grave crise financière et embarrasse même le sommet de l’Etat, s’est ouvert lundi dans une prison de Maputo, dix-neuf personnes accusées de chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment d’argent, pour des montants de plusieurs millions d’euros, doivent être entendues lors d’audiences prévues sur près de deux mois. Parmi eux se trouve le fils de l’ancien président Armando Guebuza, Ndambi Guebuza.
Enveloppé d’un manteau, il était présent comme tous les autres prévenus à l’audience qui s’est ouverte ce matin dans un tribunal de fortune, une tente installée dans la prison de haute sécurité de Machava, où il est détenu en détention provisoire depuis Deux ans et demie, les tribunaux du pays ont été jugés trop petits pour accueillir les dizaines d’avocats, témoins et 250 journalistes accrédités pour suivre l’affaire, entre 2013 et 2014, trois entreprises publiques mozambicaines – ProIndicus, Ematum et Mam – ont contracté 1,76 milliard d’euros de prêts, notamment auprès du Credit Suisse et de la banque russe VTB pour financer des projets de surveillance maritime, de pêche et de chantier naval.
Cette opération aurait dissimulé une vaste entreprise de corruption au profit de proches du gouvernement. Ndambi Guebuza est soupçonné d’avoir agi en tant que « facilitateur » pour son père, le président. Parmi les accusés figure également l’ancien chef des services de sécurité, Gregorio Leao, l’affaire a éclaté en 2016, lorsque le gouvernement a révélé qu’il avait contracté des emprunts sans en informer le Parlement ni ses donateurs. Après le scandale, le FMI et la plupart des bailleurs de fonds du pays, l’un des plus pauvres au monde, ont suspendu leur aide.
Ce scandale, connu sous le nom de scandale des « dettes cachées », a donné lieu à plusieurs autres poursuites judiciaires aux États-Unis, en Suisse et au Royaume-Uni.
L’affaire embarrasse également l’actuel président, Filipe Nyusi, qui a été mis en cause par des témoignages dans une partie de l’affaire en cours d’instruction aux Etats-Unis. Il était alors ministre de la Défense et est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin.