La récente inclusion de l’Union africaine au G20 reconnaît un fait que la géopolitique traditionnelle a été réticente à accepter : l’Afrique est devenue une force puissante propulsant la transformation mondiale, les pays africains sont confrontés à plusieurs crises à la fois, du terrorisme aux coups d’État. Six membres sont actuellement suspendus de l’Union africaine en raison de défaillances institutionnelles. L’ombre du génocide est de retour au Darfour. Le continent supporte une part disproportionnée des effets de multiples chocs récurrents et cumulatifs – chocs liés au changement climatique, pandémies sanitaires telles que Covid-19, guerres en Ukraine et au Moyen-Orient – avec une capacité d’adaptation financière et technique limitée.
Selon l’institut d’enquête Afrobaromètre, le vent d’un mécontentement croissant à l’égard de la démocratie souffle sur le continent africain, sur un autre front, l’Afrique est confrontée à un déficit financier de 1 200 milliards de dollars jusqu’en 2030 pour financer ses ODD, selon la Banque africaine de développement, c’est pourquoi il est si décourageant que le continent perde 89 milliards de dollars par an à cause des flux financiers illicites, l’évasion fiscale des multinationales minières coûtant, selon les estimations, jusqu’à 730 millions de dollars par an à l’Afrique subsaharienne. Bien plus que ce qu’elle reçoit en aide au développement, les pratiques fiscales néfastes drainent les ressources nécessaires au développement. Les recettes fiscales moyennes de l’Afrique étaient de 16 % en 2020, soit la moitié des 33 % de l’OCDE et cinq points de pourcentage de moins que celles de l’Asie et du Pacifique. Cette année-là, la plus grande économie du continent, le Nigeria, avait un ratio impôts/PIB de seulement 5,5 %.
La fuite des capitaux, pathologie de l’économie africaine, aggrave à la fois la pauvreté et les inégalités. Cela génère également des effets de retour sur les économies de destination en Occident : instabilité financière, corrosion de l’État de droit et resserrement du marché immobilier urbain.