Un rapport local en Algérie sur la corruption, sa lutte, et le processus de signalement pointe du doigt une nette réticence de la population à dénoncer les actes de corruption. Les conclusions mettent en lumière une série d’obstacles, parmi lesquels la crainte de représailles et les lacunes du cadre législatif en matière de signalement, entravent la dynamique sociale nécessaire pour lutter contre la corruption. Le rapport appelle ainsi à une protection accrue pour les lanceurs d’alerte.
Soulignant une baisse alarmante de 80 % dans le nombre de signalements de corruption d’une année à l’autre, le document met en avant la prédominance des plaintes anonymes par rapport à celles d’origine identifiée. Il pointe également du doigt la collusion des délits de corruption signalés avec des pots-de-vin modestes, impliquant des individus au sein de secteurs en contact quotidien avec les citoyens. Par ailleurs, la faiblesse des condamnations dans ces affaires est mise en exergue. Tous ces chiffres convergent vers une seule explication : la peur des citoyens d’être appréhendés par les autorités pour avoir dénoncé la corruption.
Dans ce contexte, les membres de la Brigade Anti-Cybercriminalité de la Sûreté de la Wilaya de Khenchela ont récemment repéré une publication sur une page Facebook, dévoilant la vente d’un drone photographique équipé d’une « caméra drone ». Initiées suite à cette découverte, des investigations ont permis d’identifier l’auteur du message.
Il s’agit d’un jeune homme de 31 ans, résidant dans le quartier des 120 habitations au cœur de la ville de Khenchela. Ses clichés aériens, capturés par drone, révélaient des infrastructures fragiles telles que des routes et des écoles susceptibles de s’effondrer en Algérie. Informé de cette dénonciation par le procureur de la République près du tribunal de Khenchela, un ensemble de mesures a été mis en place pour appréhender le citoyen à l’origine de la dénonciation. Le drone destiné à la vente a été saisi et l’accusé a été transféré aux autorités de sécurité pour enquête. Un dossier complet a été constitué à son encontre, le chargeant d’atteinte à la sécurité de l’État, en attendant son renvoi devant le tribunal.