Economie

Les prix du pétrole dévissent : entre surabondance d’offre et tensions géopolitiques persistantes

Les marchés pétroliers terminent la semaine dans le rouge. Vendredi 25 mai, le Brent de la mer du Nord s’échangeait à 66,14 dollars le baril, en recul de 41 cents, enregistrant une baisse hebdomadaire de 2,6 %. Le WTI, référence américaine, a chuté à 62,43 dollars, perdant 36 cents sur la journée et affichant une baisse cumulée de 3,5 % sur la semaine. Cette chute s’explique par une conjonction de facteurs défavorables, allant d’une offre excédentaire au sein de l’OPEP+ à l’impasse des négociations commerciales sino-américaines.

L’analyste Ann Pham, du cabinet LSGE, résume la tendance : « Les inquiétudes relatives à une offre excessive en provenance de l’OPEP+ et la fragilité de la demande mondiale, dans un contexte de tensions commerciales persistantes, ont fortement pesé sur les prix. » L’OPEP et ses alliés, réunis sous la bannière OPEP+, envisagent en effet d’augmenter leur production pour un second mois consécutif en juin, ce qui accentue les craintes d’un déséquilibre durable entre offre et demande.

La vigueur du dollar américain, qui renchérit mécaniquement les matières premières libellées en devise américaine, ajoute une pression supplémentaire à la baisse sur les cours.

Sur le front géopolitique, les signaux contradictoires envoyés par Pékin et Washington accentuent l’incertitude. Alors que le président Donald Trump affirmait jeudi que des négociations étaient en cours avec la Chine, le ministère chinois des Affaires étrangères a catégoriquement démenti tout dialogue sur les droits de douane. En parallèle, la Chine a proposé d’exempter certains biens américains de surtaxes, demandant aux entreprises une liste de produits concernés, signe d’un certain empressement à réduire les effets négatifs de la guerre commerciale.

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La détente militaire annoncée entre la Russie et l’Ukraine, saluée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, pourrait, en cas d’accord concret, entraîner un assouplissement des sanctions occidentales contre Moscou. Une telle évolution ouvrirait la voie à une reprise complète des exportations russes de pétrole, renforçant encore l’offre globale.

Par ailleurs, les marchés pétroliers observent avec attention les signaux émis par d’autres acteurs majeurs. Le Kazakhstan, accusé de surproduire au-delà de son quota OPEP+, défend sa position en invoquant ses intérêts nationaux. Le Venezuela, en difficulté, cherche à séduire les raffineurs chinois pour écouler son brut, tandis que la Libye relance pour la première fois depuis 17 ans un ambitieux programme d’exploration offshore, malgré l’instabilité politique persistante.

À ces dynamiques s’ajoutent des mesures protectionnistes : les États-Unis envisagent de lourds droits de douane sur les cellules solaires d’Asie du Sud-Est, et l’Union européenne pourrait légiférer pour interdire tout nouveau contrat lié aux énergies fossiles russes. Ces initiatives modifient les équilibres énergétiques mondiaux, tout en alimentant l’incertitude chez les investisseurs.

Enfin, la volatilité s’étend à d’autres marchés : le cuivre flambe en Chine, porté par une baisse des stocks et une ruée vers les achats, alors que le charbon indonésien est boycotté par les acheteurs chinois en raison de nouvelles grilles tarifaires jugées défavorables.

Face à cette complexité, les marchés semblent désorientés. Si certains y voient des opportunités, d’autres craignent une période prolongée de turbulences. Une chose est certaine : le secteur pétrolier évolue désormais dans un environnement où l’offre, la demande, la géopolitique et les tensions commerciales s’entrecroisent de manière de plus en plus imprévisible.

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