Aujourd’hui en Algérie, il est de plus en plus évident que le jeu de l’hostilité envers la France n’est qu’un pion dans le stratagème politique du régime algérien. Le peuple, notamment la jeunesse, ne se laisse plus aveugler par cette histoire d’hostilité à la France, et a conscience que le pouvoir s’en sert à des fins purement politiques. La France, de son côté, ne risque pas d’abandonner ses enfants illégitimes ou les Français du second degré, comme on les appelle en Afrique, tels que les Algériens.
Le sujet qui préoccupe aujourd’hui la jeunesse algérienne est de quitter le pays en quête d’un visa ou de l’immigration clandestine. Leur destination privilégiée est la France, et pour cause : la majorité des Haragas, ces migrants qui traversent la Méditerranée, se dirigent spécifiquement vers ce pays. L’histoire de l’anti-France, quant à elle, n’a plus la même influence politique qu’auparavant.
La situation gouvernementale catastrophique en Algérie a atteint un tel point que certains jeunes remettent en question l’indépendance du pays comme une erreur historique. Même les « harkis » et leurs descendants ne suscitent plus l’attention de la société algérienne, surtout lorsqu’ils visitent le pays. Ils ont peut-être même remarqué que les nouveaux « harkis » sont plus féroces et meurtriers que les anciens. La jeunesse algérienne démunie ne fait plus la différence entre les « harkis » et leurs enfants issus de l’élite en France, car ces derniers occupent aujourd’hui les plus hautes fonctions. Il en est de même pour les responsables et les fils de responsables algériens qui passent leur vie au pouvoir mais construisent leur avenir et celui de leurs enfants en France.
L’obsession de l’émigration a gagné les hommes de pouvoir, car la plupart des responsables et leurs enfants se trouvent à l’étranger, en particulier en France. Même le corps diplomatique algérien privilégie la France et ne rentre pas en Algérie avec leurs familles. C’est pourquoi la majorité des ministres et des diplomates partent à l’étranger après leur retraite, et la France est leur destination favorite. Ils placent leur argent dans des banques étrangères et achètent des biens immobiliers, surtout en France.
La propagande de l’hostilité envers la France ne fonctionne plus auprès des Algériens, et les autorités ne peuvent plus la vendre à la jeunesse algérienne. Même la France le comprend et méprise l’autorité algérienne, rappelant les biens de la France et que sans elle, il n’y aurait pas d’Algérie. C’est un fait que l’élite éduquée algérienne connaît, mais que le pouvoir en Algérie refuse de reconnaître. Les relations entre l’Algérie et la France sont encore construites sur un papier politique expiré depuis près d’un quart de siècle. Entrer en France est devenu plus important pour les Algériens que d’entrer au paradis.