L’Algérie s’écroule, ces mots retentirent dans un écho sinistre, échappant des lèvres épuisées d’un simple citoyen algérien, rongé par des jours sombres et des années de misère. Son regard errant se posait sur son enfant, à peine âgé de quatre ans, tandis que les médecins lui injectaient de force des vaccins pour endiguer la propagation de la gale et de la rougeole, qui ravageaient la majorité des citoyens du sud de l’Algérie, oubliés sur la carte de leur propre pays. Un convoi médical d’urgence fut exceptionnellement dépêché pour tenter de contenir ces maladies d’un autre temps, avant que le scandale ne s’ébruite à l’international, exposant la richesse pétrolière et gazière du régime, estimée à des milliards de dollars.
Dans cet espace de communication où rien ne se perd ni ne passe inaperçu, les paroles du citoyen anonyme furent captées par un animateur d’une chaîne satellitaire. Interrogé sur l’attention portée par l’État à la condition de vie des Algériens, sa réponse fut lapidaire : « L’Algérie s’effondre ». Cette phrase condensée me saisit, me secoua, car elle résumait avec une terrible acuité l’impasse dans laquelle l’État algérien se trouvait. En y réfléchissant attentivement, cette conclusion nous plongeait dans une réalité si profonde qu’il semblait presque impossible d’en sortir. Le pays vacillait dans tous les domaines, tel un signal alarmant que les élites politiques, culturelles et éducatives officielles de l’Algérie, semblaient encore ignorer. Et si elles en étaient conscientes, elles se gardaient bien de l’admettre ouvertement.
En effet, chacun gérait sa déception totale face à l’absence de véritable confrontation avec les problèmes de ce régime dictatorial. Aujourd’hui, ce régime s’enfoncerait davantage, approfondissant la rupture et perpétuant la fragmentation qui menaçait le gouvernement. Ce dernier avait échoué à fournir un modèle de développement simple pour le peuple algérien. C’est ainsi que le pays tout entier s’effondrait dans tous les domaines, une phrase qui ne connaissait aucune limite et restait incomprise par les ateliers de façade, les conférences superficielles, les plans fictifs et les stratégies manipulatrices visant à endormir la conscience populaire et à enrayer la détérioration à tous les niveaux de la vie en Algérie.
Il ne restait plus une seule institution gouvernementale qui ne nécessitait pas une autopsie approfondie et une éradication totale. Les tumeurs malignes semées par les généraux à travers la corruption généralisée, son expansion et son amplification, l’achat de consciences et le silence imposé avaient contaminé tous les recoins du gouvernement. Toute tentative de faire un pas en avant n’était qu’une illusion délirante, faisant reculer le pays dans la mauvaise direction. Ce gouvernement était incapable de s’inspirer du mouvement de la rue algérienne, ce qui l’avait poussé à recycler des solutions médiocres dispersées sans cohérence. Le régime militaire déformé était incapable de faire face à sa réalité brûlante.
Oui, ce simple citoyen algérien avait réussi à sonner l’alarme annonçant la fin imminente de ce régime, dont le trône tombait comme les feuilles d’automne. La phrase « L’Algérie s’effondre » résonnait désormais telle une vérité indéniable, portant en elle toute la gravité d’une nation au bord de l’abîme.