Politique

Saïd Chengriha : Le dictateur militaire qui tient l’Algérie d’une main de fer

Après avoir réprimé des milliers d’opposants civils et militaires, le général Saïd Chengriha, âgé de 79 ans, demeure le véritable dirigeant d’un pays sous l’emprise de l’armée depuis son indépendance en 1962. Né le 1ᵉʳ août 1945 à El Kantara, dans la wilaya de Biskra, il a gravi les échelons pour atteindre le plus haut rang en Algérie, celui de chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP).

Depuis la mort du général Ahmed Gaïd Salah en décembre 2019, Chengriha s’est imposé comme l’homme fort du régime. En tant que chef d’état-major de l’ANP, il est devenu le visage exposé du pouvoir, n’hésitant pas à donner des ordres, à distribuer des réprimandes et à proférer des menaces lors de ses discours.

Contrairement à ses prédécesseurs tels que Houari Boumédiène, Chadli Bendjedid et Liamine Zéroual, qui appartenaient également à l’armée, Chengriha a toujours préféré évoluer dans l’ombre, derrière un régime civil servant de façade. Il se distingue par la brutalité de ses actions, rappelant les « décideurs » des années 1990, tels que les généraux Khaled Nezzar, Mohamed Mediène, Larbi Belkheir et Mohamed Lamari, qui ont joué un rôle clé dans la répression des manifestations d’octobre 1988 et l’annulation des élections législatives de janvier 1992.

Ces mêmes « décideurs » ont mené une guerre contre les groupes islamistes, entraînant environ 200 000 morts durant la « décennie noire ». Après l’élection controversée d’Abdelmadjid Tebboune en 2019, Chengriha, nommé vice-ministre de la Défense, a lancé une purge au sein de l’armée et des services de renseignement, aboutissant à l’arrestation, l’élimination ou la mise à la retraite de nombreux généraux. Cette lutte interne a récemment conduit à la mort d’un général de la 6ᵉ région militaire, soulignant les tensions persistantes au sein de l’appareil militaire algérien.

  Changements à la tête de l'establishment militaire au Mali

En consolidant son pouvoir, le général Chengriha a renforcé l’influence de l’armée dans les affaires civiles, notamment en permettant aux officiers d’occuper des fonctions civiles dans des secteurs stratégiques. Cette militarisation accrue de l’État algérien suscite des inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie et des libertés civiles dans le pays.

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