Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a limogé le général Anselm Sanyatwe de son poste de chef d’état-major de l’armée, une décision importante qui intervient quelques jours avant les manifestations appelées par des groupes de vétérans de la guerre d’indépendance, ce limogeage est le dernier d’une série de changements apportés par le président aux principales institutions de sécurité, dans un contexte de spéculations croissantes sur un potentiel conflit interne au sommet de la pyramide politique.
Mnangagwa, arrivé au pouvoir en 2017 à la suite d’un coup d’État militaire qui a renversé son prédécesseur, Robert Mugabe, est confronté à des défis croissants au sein de son parti au pouvoir, la Zanu-PF. Des voix au sein du parti ont commencé à remettre en question sa légitimité et à l’accuser de ne pas réussir à gérer la crise économique actuelle, sous la pression de ces forces, le président entreprend une restructuration complète de la direction de l’armée, de la police et des services de renseignement, des institutions qui jouent depuis longtemps un rôle central dans le paysage politique du Zimbabwe, le limogeage de Sanyatwe, l’une des figures militaires les plus importantes du pays, fait suite à des limogeages similaires du chef de la police nationale et du directeur des services de renseignement, soulevant des questions sur les intentions du président de neutraliser les centres de pouvoir traditionnels au sein du régime, en particulier ceux qui étaient ses alliés lors de son coup d’État contre Mugabe.
Le pays connaît une escalade des tensions à l’approche des manifestations convoquées par un groupe d’anciens combattants le 31 mars, exigeant la démission de Mnangagwa et rejetant ce qu’ils ont décrit comme ses tentatives « inconstitutionnelles » de prolonger son règne au-delà de 2028, date constitutionnelle de fin de son deuxième mandat, malgré la diminution du nombre de ces combattants et leur âge avancé, ils constituent toujours une force politique en raison de leurs liens étroits avec l’establishment militaire, en revanche, Mnangagwa a nié toute intention de prolonger son mandat présidentiel ou de porter atteinte aux libertés publiques, affirmant que les récentes mesures de sécurité visaient à « maintenir la stabilité », accusant ses opposants de « tenter de saper la paix ».
