Les habitants de la région pétrolière de Jacquesville en Côte d’Ivoire se disent « marginalisés » et demandent des bénéfices de l’exploitation du pétrole, que beaucoup dans ce pays africain considèrent comme une « malédiction », au bout d’une route cahoteuse et poussiéreuse, la ville d’Adda, à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Abidjan, est devenue le centre des revendications de 44 villages de la région, alors que les ouvriers s’affairent à poser un troisième oléoduc qui traversera des kilomètres de champs de cocotiers et de villages, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées sur la place de la ville pour protester contre l’administration « opaque », ont-ils dit, pour exploiter le pétrole.
« Je n’arrive pas à comprendre qu’un village avec une plate-forme pétrolière n’ait pas de caserne de pompiers, de lycée et que les hôpitaux ne soient pas équipés », a déclaré Jan Biachon Ndrane, qui aura 32 ans, Duval Nevry, 27 ans, se plaint : « Ici on ne voit aucun impact du pétrole sur nos vies (…) depuis que je suis né ils exploitent le pétrole et je vis dans la pauvreté. » « Nous nous sentons abandonnés et l’État nous a oubliés », ajoute-t-il avec colère, en regardant les plates-formes pétrolières et gazières que l’on aperçoit depuis les rives sablonneuses du village, le pêcheur Justin Dagrey-Ysoh se joint au chœur des critiques, déclarant : « La pêche n’a pas été rentable depuis que j’ai trouvé les tubes.
La Côte d’Ivoire, qui est l’un des plus gros pays producteurs de cacao avec une part de marché de quarante pour cent, est un petit producteur de pétrole (36 000 barils par jour en 2019) investi par de nombreuses sociétés étrangères au large de Jacquesville, comme d’autres pays en développement, la Côte d’Ivoire s’efforce d’utiliser ses matières premières comme une source de croissance qui profite à sa population.
En 2018, la production de pétrole brut a rapporté plus de 500 milliards de francs CFA (762 millions d’euros) au pays, selon l’organisation non gouvernementale Extractive Industries Transparency Initiative.
Les résidents locaux critiquent le Oil and Gas Council, l’organe qui comprend des fonctionnaires et des résidents locaux et a été créé en 2008 pour former un lien entre les compagnies pétrolières et les habitants de la région et redistribuer les revenus de l’or noir, l’accusant d’inaction.