Tenant un stylo à encre de bambou, le prêtre orthodoxe éthiopien Zelalem Mola copie soigneusement le texte dans l’ancienne langue Ge’ez d’un livre religieux sur un parchemin en peau de chèvre, cette tâche laborieuse préserve une ancienne tradition, tout en le rapprochant de Dieu, dit Zelalem, 42 ans.
Les parchemins, plumes et encres sont tous préparés sur place à l’institut, situé dans le quartier de Piasa, au cœur historique de la capitale éthiopienne, Yeshiemebet Sisay, 29 ans, responsable de la communication chez Hamere Berhan, explique que le travail a commencé il y a quatre ans, les œuvres précieuses sont conservées principalement dans des monastères, où les prières ou les chants religieux sont conduits en utilisant uniquement du parchemin plutôt que des manuscrits en papier, « Cependant, cette coutume s’estompe rapidement… Nous pensions que si nous pouvions apprendre des compétences de nos prêtres, nous pourrions y travailler nous-mêmes, c’est ainsi que nous avons commencé », ajoute Yeshiemebet, dans la cour de l’institut, les ouvrières tendent les peaux de chèvre sur des armatures métalliques pour les faire sécher sous un faible soleil qui perce à peine le ciel laiteux.
« Après avoir immergé la peau de chèvre dans l’eau pendant trois à quatre jours, nous faisons des trous sur le bord de la peau et l’attachons au métal pour qu’elle puisse s’étirer », explique Tinsaye Chere Ayele, aux côtés de deux autres collègues, le jeune homme de 20 ans effectue sa tâche à l’aide d’un grattoir de fortune, apparemment inconscient de la puanteur âcre émanant de la peau de l’animal, une fois propres et sèches, les peaux sont débarrassées du poil de chèvre puis coupées à la taille souhaitée pour devenir soit des pages d’un livre, soit d’un tableau, Yeshiemebet dit que la plupart des manuscrits sont commandés par des particuliers qui en font ensuite don à des églises ou à des monastères.
