Les troubles au Sénégal ont un effet de ricochet sur les éleveurs de moutons du pays avant la fête musulmane, Aid-al-adha, l’une des deux périodes de l’année où les éleveurs font le plus de profit, depuis des mois, ils se préparent pour la fête également connue sous le nom de Tabaski, lorsque les musulmans sacrifient traditionnellement un mouton pour une fête familiale, Cheick Ba fait partie des nombreux éleveurs qui sont restés, trop effrayés à l’idée d’entrer dans la capitale sénégalaise, Dakar.
« Nous sommes partis de Mauritanie avec des centaines de moutons pour venir les vendre au Sénégal, mais quand nous sommes arrivés, nous en avons perdu plus d’une centaine. Nous les avons transportés dans un camion. Ils sont morts de faim et de soif car la distance était longue, les routes pas bon et surtout on ne voulait pas faire une halte pour nourrir le bétail parce qu’on avait entendu dire qu’il y avait des manifestations violentes au Sénégal, on avait peur de s’arrêter et de tomber sur des manifestants qui pourraient s’emparer du bétail, ce qui c’est pourquoi les moutons ne pouvaient ni se reposer ni se nourrir », déplore M. Cheikh Ba, les autorités estiment à des milliards de francs CFA de pertes, car seuls 42 000 moutons ont atteint la capitale jusqu’à présent, Ismaila Sow, responsable de l’association nationale des éleveurs de moutons, affirme que certains éleveurs ont été attaqués à Keur Massar, à l’est de Dakar, ce qui a incité l’association à encourager les agriculteurs à rester à l’écart des grandes villes.
« Nous avons dit aux éleveurs et exploitants de rester dans les zones d’attente, dans certains villages, et d’éviter d’entrer dans les grandes villes. Car s’ils se rendent dans les grandes villes dans cette situation tendue avec leur bétail, les manifestants peuvent prendre le relais. Les magasins peuvent être fermés, les entreprises peuvent être protégées, mais les agriculteurs n’ont pas le choix, ils ne peuvent pas se déplacer avec leurs moutons », a expliqué M. Sow, président du Conseil national de l’Association des éleveurs sénégalais, seize personnes sont mortes dans les troubles de trois jours, selon les autorités locales, tandis qu’Amnesty International évalue le bilan à 23.