Chaque jour en Algérie, la scène gouvernementale voit défiler un spectacle d’inexactitudes et de mensonges, réfutés par une réalité implacable et exposés à la lumière des conditions de vie ardues de la population. En cette journée, c’est le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale qui s’avance sur cette scène rhétorique. Affirmant que la prévalence du travail des enfants ne franchit pas le seuil de 0,001 % et que ce fléau se fond dans l’insignifiance sur le sol national, le ministre se réfère à la convention n° 138, édictant l’âge minimum pour pénétrer le monde du travail. Dans cet énoncé, l’article 3 de cette convention affirme l’interdiction catégorique de toute réduction de l’âge légal de travail en-deçà de 16 ans. Le ministre renchérit, ajoutant que quiconque n’ayant pas encore soufflé 16 bougies et se trouve engagé dans une activité rémunérée ou en quête de salaire se range parmi les rangs des travailleurs infantiles.
Toutefois, la tragique partition se joue encore une fois : les annonces officielles émanant du gouvernement algérien se heurtent à une partition discordante avec la réalité. Le Réseau civil algérien pour la protection des droits de l’enfant (Nada), s’érigeant en sentinelle des questions juvéniles, dévoile, par le biais d’études régulières menées sur le terrain, que 43,2 % des enfants laborieux d’Algérie foulent le sol de l’exploitation entre l’âge de 6 et 10 ans. De plus, une fraction de 21,2 % se trouve dans les âges de 11 à 14 ans, et ces sombres statistiques grimpent jusqu’à 25,6 % pour les âges compris entre 15 et 18 ans. Le plus alarmant, c’est l’effrayante présence de 77 % d’enfants, sous la contrainte des foyers et des usines, qui partagent le statut de mineurs. Les conséquences engendrées mènent à la tragique exploitation sexuelle des mères juvéniles, résultant des prédations de leurs employeurs et superviseurs. Le réseau civil Nada sonne le glas de cette affligeante réalité : chaque année, 10 375 fillettes en deçà de l’âge de 15 ans donnent naissance à une progéniture illégitime ou subissent les avortements forcés sous la férule de leurs employeurs. S’ajoute à cet ignominieux tableau, des allégations de harcèlement sexuel et de déprédations infantiles dans les méandres de réseaux internationaux de prostitution et d’exploitation charnelle. Pire encore, certains enfants sont contraints de figurer dans les sinistres scènes de films à caractère pornographique, entremêlant des séquences de débauche avec des adultes étrangers, originaires du Golfe, d’Iran et d’Europe. L’épouvante s’accroît lorsque des vidéos écoeurantes dévoilent l’implication de hauts gradés militaires dans cette infamie. Les victimes, trop souvent, se révèlent être des enfants abandonnés ou issus de familles démunies, poussés à vendre leurs organes, et parfois à braver des travaux périlleux, mettant leur vie en équilibre précaire ou les marquant d’un handicap perpétuel.