Sourire radieux, cheveux teints en ocre rouge et coiffés d’une coiffe d’apparat en plumes d’autruche, les jeunes Massaï s’affairent à prendre des selfies, ils viennent de terminer le premier jour d’Eunoto, un rituel traditionnel marquant la transition du jeune guerrier à l’âge adulte, « Aujourd’hui, nous devenons des hommes », déclare fièrement Hillary Odupoy, étudiante en médecine de 22 ans, portant des lunettes de soleil et un collier de perles sur sa poitrine nue.
Âgés de 18 à 26 ans, les jeunes hommes sont venus par centaines dans le village de Nailare, dans le sud-ouest du Kenya, tous issus de la même génération de « morans » (« guerriers » en langue masaï), un statut qu’ils occupent depuis une décennie, beaucoup ont quitté leur domicile dans la région pour travailler ou étudier dans les villes de Kisii ou Nairobi, ou comme Odupoy, plus loin dans la ville de Machakos à plus de sept heures de route, « C’est l’une des plus grandes cérémonies que nous ayons dans notre vie. Nous ne pourrons jamais nous rencontrer en si grand nombre. Cela unit la communauté Maasai », explique Odupoy, tous portent du rouge, la couleur sacrée des Maasai – de leurs cheveux enduits d’un mélange d’ocre et d’huile à leurs shukas traditionnels en tissu à carreaux, ce rite de passage réunit les familles des morans ainsi que les habitants locaux et les officiels, en tout plusieurs milliers de personnes, pendant cinq jours, la cérémonie d’Eunoto comprend des chants gutturaux traditionnels, des danses en file indienne sur une jambe et l’adumu – le célèbre saut Maasai.
Les vaches sont sacrifiées et leur sang bu par les jeunes hommes, dont les cheveux sont rasés par leurs mères, ils abandonnent alors l’épée du guerrier pour le fimbo, le bâton de marche des « anciens », pendant des siècles, les hommes Maasai ont traversé trois rites de passage qui sont inscrits depuis 2018 sur la liste de l’UNESCO du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, Enkipaata est le passage de l’enfance au statut de moran, Eunoto, le passage au « jeune aîné », et enfin Olng’esherr marque le début du statut d’aîné.