Dans une affaire qui a secoué la ville d’Oran, en Algérie, les pharmacies ont pris une sinistre tournure. Alors que dans la plupart des pays du monde, les pharmacies sont des établissements chargés de la vente de médicaments et de l’accompagnement des patients, en Algérie, elles sont devenues un maillon essentiel d’un réseau criminel organisé. C’est une réalité choquante qui a été mise en lumière récemment lorsque le tribunal correctionnel de première instance du Conseil judiciaire d’Oran a rendu un verdict sévère.
Six membres des propriétaires de pharmacies ont été condamnés à 12 ans de prison pour leur implication présumée dans la possession, le transport et le stockage de drogues locales, y compris des comprimés hallucinogènes, de la cocaïne et du kif transformé. Ces substances illicites étaient stockées dans pas moins de six pharmacies, transformant ces établissements en des repaires de trafiquants. Le tribunal a toutefois prononcé un acquittement pour une autre personne accusée, tout en condamnant par contumace les deux accusés en fuite à la réclusion à perpétuité.
L’affaire a éclaté le 24 mars 2023, lorsque les services de sécurité ont réussi à démanteler un groupe criminel spécialisé dans le trafic de drogue. L’une des pharmacies incriminées, située dans le quartier de Canastel à Oran et appartenant à l’un des accusés (A.E), était au cœur de cette sombre histoire. Cette pharmacie était exploitée par le neveu d’une expatriée française, également pharmacienne en France. Le démantèlement a révélé une cargaison impressionnante de 94,4 kilogrammes de kif transformé, 5,30 kilogrammes de cocaïne et 50 000 comprimés hallucinogènes.
En fouillant les lieux, les forces de l’ordre ont mis la main sur une note contenant les noms de plusieurs individus liés au gang, dont des propriétaires de pharmacies. L’exploitation de cette note a conduit à l’arrestation successive de plusieurs personnes, y compris des individus connus sous des pseudonymes, tandis que d’autres ont réussi à échapper aux autorités. L’affaire implique également le chef présumé du réseau, surnommé Walid et désigné sous le nom de Q.S.
Cet événement sordide souligne les dangers de l’utilisation détournée des pharmacies à des fins criminelles en Algérie, un pays où ces établissements sont censés jouer un rôle crucial dans la santé publique. La condamnation des propriétaires de pharmacies impliqués dans cette affaire constitue un rappel sévère des conséquences qui attendent ceux qui exploitent la confiance du public à des fins illégales.