L’Allemagne et la France dépenseront conjointement 2,1 millions d’euros (1,8 million de livres sterling) pour approfondir les recherches sur la provenance des objets du patrimoine africain dans les collections de leurs musées nationaux, ce qui pourrait préparer le terrain pour leur éventuel retour, un fonds sur trois ans, doté de contributions de 360 000 euros par an par chaque pays, a été lancé vendredi à Berlin. Il a été désigné pour financer la recherche sur des objets provenant de n’importe où en Afrique subsaharienne, même si la priorité devrait être accordée aux pays colonisés par la France et l’Allemagne, comme le Togo et le Cameroun.
« Il s’agit d’un fonds expérimental », a déclaré le Dr Julie Sissia, chercheuse au Centre Marc Bloch, un centre de recherche franco-allemand à Berlin qui gérera les fonds, « Nous le lançons avec les critères les plus larges possibles, afin que les petits et les plus grands projets puissent postuler. » La seule exigence était que les projets soient portés par des équipes mixtes françaises et allemandes issues du monde universitaire et des musées, a-t-elle précisé, un débat à l’échelle européenne sur la restitution des objets du patrimoine africain a été lancé lorsque le président français Emmanuel Macron a annoncé en 2017 qu’il « ferait tout son possible » pour restituer une partie du patrimoine culturel africain pillé par la France coloniale, en 2021, la France a restitué 26 objets au Bénin, mais ces dernières années, ses efforts sont au point mort. Une loi sur la restitution des biens culturels pillés à l’étranger, censée être votée au Parlement fin 2023, a été bloquée par l’opposition.
En Allemagne, le projet de restitution a depuis pris de l’ampleur. En novembre 2022, une fondation allemande a financé le lancement de la première base de données complète d’objets collectivement connus sous le nom de bronzes du Bénin, et un an plus tard, le ministre allemand des Affaires étrangères a restitué physiquement 21 bronzes au Nigeria, ces bronzes ont été pillés à l’origine par les forces britanniques. En revanche, le traitement des objets provenant autrefois des colonies allemandes pose un défi bien plus important, tant sur le plan administratif que diplomatique.