Société

Akazehe : une salutation burundaise qui risque de disparaître

Sylvie Mbonimpa rend visite à sa fille Mélanie pour la première fois depuis des mois et leurs retrouvailles se font en musique, la vieille dame chante ses questions : « Est-ce que tout va bien à la maison ? », « Que ton passé et ton avenir soient bénis » et « J’espère que ton mari va bien », Mélanie répond simplement « oui » à chaque question, cet échange, appelé akazehe, est une tradition partagée exclusivement par les femmes, à 76 ans, Sylvie est très attachée à cette coutume, « L’akazehe est empreint d’amour. Quand on salue quelqu’un et qu’il répond spontanément, cela reflète une affection mutuelle », explique-t-elle.
L’akazehe a généralement lieu entre mères et filles qui ne se sont pas vues depuis longtemps, « Quand on les salue et qu’on les embrasse en même temps, cela signifie du respect et apporte de la joie. Il n’y a pas de faux-semblants », ajoute Sylvie, cependant, l’akazehe est en déclin, malgré son importance unique dans ce pays d’Afrique centrale, réputé pour ses percussionnistes exceptionnels, les responsables culturels, les éducateurs et d’autres soulignent la nécessité de préserver cette pratique, ils soulignent les mesures de santé publique qui découragent les contacts inutiles lors des épidémies et le manque de promotion de l’akazehe auprès des jeunes générations, certains chercheurs ont souligné le potentiel de l’akazehe pour renforcer la cohésion sociale au Burundi, qui s’est largement stabilisé après une guerre civile tumultueuse et des troubles politiques.
« Avec la modernisation, cette salutation traditionnelle a perdu de sa valeur. Mais en tant qu’aînés, nous nous efforçons de l’enseigner aux jeunes pour assurer la pérennité de la culture burundaise », déclare Sylvie, dans la région vallonnée de Ngozi, dans le nord du Burundi, la pratique traditionnelle de l’akazehe est encore bien connue de certains habitants, des femmes comme Prudencienne Namukobwa excellant dans son interprétation.

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