Okuku Prince, un éboueur de 22 ans, se souvient du moment où le corps sans vie de son meilleur ami a été retrouvé dans une immense décharge à Kampala, la capitale ougandaise, l’éboulement de la décharge de Kiteezi en août dernier a tué 30 personnes, dont son ami Sanya Kezia, « Je pense que certaines personnes sont toujours sous les ordures », a-t-il déclaré, beaucoup d’entre eux ont survécu en lavant et en vendant les objets jetés qu’ils trouvaient et qui avaient encore de la valeur – des filets de pêche aux bouteilles en plastique, des bocaux en verre aux composants de vieux appareils électroniques.
Un jeu de reproches a éclaté après l’effondrement mortel, le conseil municipal de Kampala et le gouvernement central s’accusant mutuellement de négligence, tandis que certains morts croupissaient toujours sous des tonnes d’ordures sans la dignité d’un enterrement, lorsque les tracteurs du gouvernement ont finalement déterré le corps de Kezia, le jeune homme de 21 ans présentait des blessures au visage, c’était horrifiant pour son ami de le voir enveloppé dans des déchets puants et en décomposition, « Nous ne sommes pas en sécurité ici. À moins qu’ils ne réparent tout, peut-être qu’ils ne le nivellent. Sinon, les gens ne sont pas en sécurité », explique M. Prince, qui avant de devenir ramasseur d’ordures avait étudié le droit à l’Université islamique d’Ouganda, incapable de payer les frais de scolarité après que sa famille soit devenue financièrement instable, son quotidien est désormais bien loin des bibliothèques et des amphithéâtres.
Le chômage des jeunes atteint des niveaux critiques en Ouganda, et nombreux sont ceux qui, comme M. Prince, risquent souvent leur santé et abandonnent leurs rêves juste pour gagner leur vie, « Je viens ici à la décharge le matin, je récupère des sacs en polyéthylène, je les apporte pour les laver et je les vends », explique M. Prince. « Je gagne 10 000 shillings [soit 2,70 dollars ou 2,10 livres sterling] par jour », l’effondrement l’a laissé dans une situation financière encore plus difficile, car il vivait à côté de la décharge, mais a dû déménager pour des raisons de sécurité.
